<<Retour à l'accueil

Bouquinerie
 
>>> Essai de catalogue bibliographique
Jacques Ars

tel 0666304111

cliquez sur la première lettre de l'auteur recherché

A  B  C  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O  P  Q  R  S  T  U  V  W  X  Y  Z

- ROSTAND, Maurice -
Aidez-nous à faire vivre ce site, soit en faisant vos commentaires, soit en corrigeant nos fautes.. et y'a du boulot !  
Ma dernière intervention sur cette page date du 1er Janvier 2004

ROSTAND, Maurice (1891-1968).  Un des auteurs mineurs, maintenant, mais qui fut sans doute dans l'entre deux guerres un des homosexuels les plus connus, "Il était recommandé de rester assis dans son bureau et de sortir à reculons !, voilà le genre de phrase dont s'illustrent les nombreuses caricatures qui fleurissent sur lui à cette époque". La gloire de son père l'avait vite projeté sur le devant de la scène dès les années 1900 avec Cocteau. Il ne sera sans doute jamais réédité et moi j’adore ! Dans son oeuvre il se fait appelé Yliane (p 205 des Confession d'un demi-siècle).

 

Roman :

Le Cercueil de cristal.   Un jeune homme, riche, au père célèbre, a décidé de se suicider. Il raconte sa vie, un peu semblable à celle de Flaminien dans Vices de P. Sabatier, de jeune homme dont le mentor l'initie au voyage et à l'amour : "J'ai eu de la joie à écrire ma beauté et ma jeunesse sur le sable des cœurs qui s'offraient à moi" (p.131), son adolescence auprès d'un père célèbre, (tiens, Edmond Rostand?) et l'amour pour ce père qui le rejette. La guerre de 14 et son antimilitarisme (tiens, Ryls de H. Marx ?) précipitent son renoncement à la vie. La dernière lettre citée, celle de sa grand-mère qui avertit son mentor-amant de sa mort est un modèle du genre catho-anti-PD à la Christine Boutin. Dans ses Confession d'un demi-siècle il écrit que Joseph Nulpart est un peu Louis Barthou (p 180), et que ce livre, écrit après la mort de son père, parle de sa douleur après cette perte (p 212) Flammarion, 1920.

Le Pilori. 1921.

L'Homme que j'ai tué. Paris : Flammarion, 245p.

La Solitude passionnée. Nouvelle dans les oeuvres livres, N° 44, 1925 ?

Le Second Werther.   Toujours dans un style très ampoulé, une construction de roman que Maurice Rostand semble reproduire à l'infini : une forme de journal (tenu ici par Alain) pour un amour homosexuel non dit et impossible, ici Jacques, qui se barre avec la copine d'Alain, Amanté. Cette histoire, comme la plupart des autres, finit par le suicide du prosateur. Une petite phrase très 30, p.73 : "Cet oubli qu'Ignacio demande à la cocaïne, à la petite poudre anarchiste qui lui vient de Genève en boîtes rondes, tous ces êtres le demandent à la danse". Et surtout, ce passage où la folle Maurice Rostand, folle de théâtre, resurgit, p.123 : "Mais, alors que peut-être la dernière scène... demanderait une de ces simples robes obscures où le couturier ne trouve pas son compte, cela lui permet de finir la pièce sur une robe extraordinaire, faite semble-t-il pour l'Amérique, pleine de volants, d'ornements et qui est à la fois un déshabillé, un costume de cirque et une robe de sacre; robe monstrueusement inoubliable à laquelle s'ajoute... une vaporeuse et sensationnelle écharpe mauve d'un deuil de fantaisie... On ne badine pas avec son couturier". Le Livre moderne illustré, 1932 (Bois de Henry Eynard). Et aussi Paris : Flammarion 1927, 244p.

L'Ange du suicide.   Un style pâlot pour une histoire assez niaise de suicide d'ado dans la villégiature dorée de Biarritz en 1920. Flammarion, 1926, 236p. Le livre moderne illustré, bois de Juliette Reynaud, 1929, 154p.

La Femme qui était en lui.   Donc, toujours la même construction : Emmanuel reçoit une longue confession de son amant qui a décidé de se suicider pour retrouver en lui la part féminine qu'un docteur suisse avait physiquement séparée de sa nature de musicien génial. Il la regrette : "Et j'étais l'être de votre vie, Emmanuel. C'est de ne pas avoir admis cela, d'avoir lutté en vain, d'avoir voulu combattre notre propre entraînement, au nom de je ne sais quel préjugé moyen, qu'il est arrivé tous ces malheurs dont nous sommes les seuls coupables et les plus grandes victimes" (p.48). Une phrase drôle : "Que ce fût une femme ou un homme, Emmanuel, qu'importe! Vous qui êtes catholique, pensez-vous qu'il y ait des sexes au ciel?" (p.52).

◄◄Référence de lecture : Flammarion, 1937. Appréciez la couverture !  

L'Homme que j'ai fait naître, Paris Les Oeuvres libres, février 1931.

Les Sentiments exceptionnels. Une suite d'histoires à l'eau de rose sur les amours exceptionnels, où les amours homosexuelles occupent une grande part. Le genre très kitch cul cul (hétéro) : ... Les mots désormais étaient moins éloquents que ce qu'ils ressentaient. Aucun baiser ne serait allé aussi loin que leurs larmes, car ils ne se entaient plus assez beaux pour oser s'embrasser sur les lèvres... Après cet aveu qui allait donner tant de force, ils se quittaient déjà en se regardant... " (p 60).  Notons quelques histoires homos : Don Juan de Sodome, avec l'idée qu'en étant pédé on pouvait aimer toutes les femmes. Le Couple ambigu : une artiste peintre fait poser pour un tableau classique un de ses amis et son mari.. qui disparaissent ensuite ensemble. Les malheurs d'une "fille à pédés"  "food fly" comme on disait dans mon jeune temps en 1980, dans Le Baiser sur la bouche. Plus ambigu est Le Retour de César, quand un homme s'émeut d'une ressemblance avec un amour de sa jeunesse... mais cette princesse égyptienne si tentante est son fils adultérin travesti. The Angel's sadness, quand un des anges,  chargés de détruire Sodome regrette un des visages entrevu. Un plaidoyer très pro-d'homo : "Et l'un des deux Anges reprit son service auprès de Dieu comme si rien ne se fût passé, comme s'il n'avait même pas été effleuré par la terre... Mais le plus beau des deux Anges -l'Ange dont j'ai parlé - ne reprenait pas absolument goût au ciel. Sans cesse il revoyait les yeux d'Azariel qu'il avait dû fermer, il pensait au regard qu'il avait jeté vers lui comme un cri... Pourquoi Dieu l'avait-il choisi pour cette juste mission dont il ne parvenait pas à guérir ?... Rien ne le consolait d'Azariel... Serait-il puni jusqu'à la fin des temps ? ... N'y aurait-il point  une grâce pour Azariel, si différent des autres !.. Ne viendrait-il point un jour où Azariel pousserait les portes du ciel ?... Et l'Ange dont j'ai parlé attend encore ! (p 169, dernière page sur un message d'espoir...). Paris : Flammarion, 1938, 169p. ( 16 02 2004).

La Tragédie de la route. Paris : 1942 Flammarion, 212p.

La vie amoureuse de Casanova, Paris Flammarion, 1924, 184p.

 

/ en Collaboration : avec sa mère Rosemonde Gérard, Un bon petit diable. Fasquelle.     

 

Divers, article, canférences :

Les métamorphoses d'Ariel. Conférence dans la revue Conférencia, N° 15, 20 07 30.

Vie contemporaine : le féminisme, avec sa mère Rosemonde Gérard, conférence dans Conférencia, revue N° 22, 5 Novembre 1930.

 

Poésie :

Conversation avec la gloire. 1910.

Poèmes. Fasquelle, 1910. Le Page de la vie. 1912, Fasquelle. Les insomnies. Flammarion. Morbidezza. Flammarion.

 

Théâtre :

La Gloire, pièce de théâtre inspiré par la mort de son père, écrite pour la saison de théâtre 1921-1922 et jouée avec un grand succès par Sarah Bernhardt dont ce fut la dernière interprétation (p 248 de ses Mémoires). Ce fut  un vrai succès, et sur scène, et en librairie (20 000 ex en 1920) mais qui le fâche avec Anna de Noailles qui se reconnaît sous les traits de la comtesse Olkonsky (p 242 de ses Confession d'un demi-siècle), lui est sous les traits de Clarence, il parle même de "Confession théâtrale" (p 233 de ses Confession d'un demi-siècle). Cette pièce le fait passer pour pacifiste, voire communiste -communiste aux accablants cheveux comme disait Mauriac, (p 233 id)-. "J'aimais la Paix ! Je la jugeais comme la seule solution pour l'europe. C'était suffisant alors pour être considéré comme d'extrême gauche, ce l'est aujourd'hui pour être considéré comme d'extrême droite. " ( p 315 des Confession d'un demi-siècle). .(29 05 2003)

Le Phénix. Première représentation au théâtre de la porte st martin en 1923. Paris : Flammarion, 1923, 208p.

Le Masque de fer

Le secret du Sphinx

La nuit des amants

La Déserteuse. Théâtre, un four à sa sortie (p 275 des Confession d'un demi-siècle). 1926, La petite illustration, sd.

Napoléon IV. Qui s'appela aussi Les Violettes rouges,  en 1928, (p 274 des Confession d'un demi-siècle), un succès de cinq mois repris en 1932  avec moins de chance, elle faillie être interdite pour anti britanisme (p 296 des Confession d'un demi-siècle). Paris : Flammarion, 1928.

Le Dernier des Tsar. Première au théâtre de la Porte St Martin, 19 sept 1929. Paris : Flammarion, 1929, 215p.

Procès d'Oscar Wilde, créé en 1935 (p 307), un succès, (p 291 des Confession d'un demi-siècle), il reçoit même un télégramme de Lord Alfred Douglas (p 307 des Confession d'un demi-siècle), qui fait interdire sa pièce à Londres, p 308, mais qu'il défend de la page 309 à 311. Paris : Les oeuvres libres, Mars 1935.

Europe.

L'Archange.

Monsieur de Letorière un four en 1930, (p 286 des Confession d'un demi-siècle).

Les Marchands de canons

L'Homme que j'ai tué. (théâtre), 1922, un roman dont il fut tiré une pièce de théâtre qui connu un grand succès mondial, surtout en Allemagne et dont la Paramout tira un film (p 280 des Confession d'un demi-siècle).

Catherine Empereur (p 319 des Confession d'un demi-siècle).

Souvenez-vous Madame Pièce en deux parties et neuf tableaux en vers. Paris : Marc Thérain, 1943, 117p.

Charlotte et Maximilien

La vie amoureuse de Casanova, Théâtre, joué en 1920, un four d'après ses Confession d'un demi-siècle, p 221.

La Nuit des amants, 1925, un four au Théâtre (p 274 des Confession d'un demi-siècle). Edité avec La déserteuse, 1926, Flammarion, 1927, 247p.

Le Général Boulanger. Un succès, avec même un vrai suicide lors de la générale 1931(p 287 des Confession d'un demi-siècle).

Le trouble (mis à paraître dans la bibliographie de ses Confessions)

Une Jeune fille espagnole. 1932, un four, (p 290 des Confession d'un demi-siècle).

Verlaine, écrit pour l'acteur Baur qui avait joué le procès d'Oscar Wilde, mais qui la refuse pour ne pas jouer deux fois de suite le rôle d'un pédéraste  -au sens d'homosexuel à l'époque, rappelons-le) (p 332 des Confession d'un demi-siècle). (29 05 2003)

Le Roi de France. (mis à paraître dans la bibliographie de ses Confessions)

L'Enchanteresse. (mis à paraître dans la bibliographie de ses Confessions)

 

Biographie :

Confession d'un demi-siècle. Cherchons l'info là où elle est, même dissimulée, dans les mémoires :  c'est icic une confession très publique, avec énormément de noms cités et peu de digressions personnelles, mais ce fils de famille que l'image du père obséda tant reste touchante : c'est la vie d'un jeune Dandy au début  du siècle qui vira après au catho un peu mystique... pour être classique il est très amoureux de sa maman, (p 228 par ex), descendante de Mme De Genlis (p 318, avec un grand oncle Cyrus) qui écrit des poèmes sous le nom de Rosemond Gérard, son vrai nom (p 21), et une pièce de Théâtre avec Lui : Un bon petit diable (p 156). Dès son berceau il est entouré de toutes les personnalités de l'époque, succès de l'Aiglon oblige : Sarah Bernhardt ( p 24), Lorrain, p 49, La Princesse Mathilde (p 69) ou un ami de son père qui pourrait nous intéresser, Mühlfed Lucien (p 84). Avec son père, qui se remet de maladie, et son frère qui deviendra un célèbre biologiste,  il passe son adolescence au Pays Basque, à Combo, dans la villa Arnaga. Il avoue là son homosexualité en faisant référence à la littérature : Dorian Gray, Gide avec Si le grain ne meurt, Rousseau et son maure, Sachs et Le Sabbat... Tout cela pour finir par une pirouette où il dit qu'il n'en dira pas plus (p 94)... "Ah dans ce livre où je me suis proposé de dire tout, où je ne dirai peut-être pas tout, mais où du moins tout ce que je dirai sera vrai, voici les difficultés qui commencent ! " (p 94) Mais peut-être devine-t-on son amour pour son cousin Gérard, (p 104)ou plus tard celui qui semble l'accompagné comme un mari : Pierre Le Neuthiec. Bref quand il remonte à Paris, à 15 ans pour le Chanteclerc de son père (il y précise qu'il ne croit pas que le coq soit Montesquiou (p 131)), la presse se gausse de ce "précieux" dandy. (p 108), mais il fait les quatre cents coups  avec Cocteau et collabore à sa revue Schéhérazade, en 1908 (p 122). Bref, c'est le Paris de la Belle époque pour fils de riches : ( p 136), chez La Duchesse de Rohan, à qui il voue un culte ; avec l'Infant Don Luis, pédale cocaïnomane entourée de mignons argentins qui aidèrent beaucoup au Tango ! (p 167) ;  il profite pour rencontrer Loti (p 126), il connaît même la mère de Ramon Fernandez, la grand-mère donc de notre Dominique qui nous fait toujours le coup de la pauvreté de son milieux, alors qu'ici la dame mène un grand train mondain, (p 168) ; Marie Scheikevitch (p 170) qui lui lit les premières pages de Du côté de chez Swann de Proust que Cocteau lui fera rencontré, sans doute vers 1912 - tout le livre étant assez confus sur les dates précises - ;  et puis Reynaldo Hahn, Lucien Daudet, Henri Bardac (p 174) ou Henri Bonnelet (p 175) Gabriel-Louis Pringue (p 183), Anna De Noailles qui ne l'aimait pas et dont le drôlerie se tintait  de méchanceté (p 184 à186), mais avec qui il fait l'exode de 14 -Anna dormant avec sa mère et son fils dans un bordel !- (p 193) ; Jean De Bonnefou (p 187), éditeur gay fastueusement et obèsement pittoresque ; Il cite même Louis Barthou, qu'il admire, comme sauvant un monsieur du chantage homosexuel en nommant le mignon maître-chanteur comme sous-préfet ! (p 180) ; Il fait faire son tableau par Nils de Dardel, au musée de Stockolm (p 186). Il est arrêté pour avoir manifesté contre l'acquittement de Mme Caïllaux (p 189). Puis c'est la guerre de 14, la déchéance de Louys (p 196), exempté pour raison de santé il réussit à se faire enrôler comme infirmier à "l'hôpital complémentaire des dames de France",  tenu par la Rohan (p 201). Il renoue avec Montesquiou (p 200) et mène une double vie assez débauchée (toujours avec l'Infant Louis ) pour être en froid avec son père (p 204), fâcherie qu'il se reprochera toute sa vie, une fois son père mort de la Grippe Espagnole. C'est dans ces années de guerre qu'il rencontre aussi Pierre Le Neuthiec (p 204 et 223), avant d'être démobilisé, pour grande fatigue qu'il attribue plus à ses excès qu'à son travail (p  205). La mort de son père est un vrai choc, il écrit alors Cercueil de Cristal, puis Le Pilori, en 1921, puis La Gloire, ( p 213) où il sent passé le souffle de génie de son père et qui sera jouée par Sarah Bernhardt  (p 248). Cercueil de Cristal, connaîtra un vrai succès, et sur scène, et en librairie (20 000 ex en 1920) mais le fâche avec Anna de Noailles qui se reconnaît sous les traits de la comtesse Olkonsky (p 242), lui est sous les traits de Clarence. Cette pièce le fait passer pour pacifiste, voire communiste -communiste aux accablants cheveux comme disait Mauriac, (p 233)-. On trouve ici des pages sur Arthur Meyer (p 230), son échec de Casanova, - un four- (p 221), Deauville en 1920, (p 234), Le peintre Dufan et l'écrivain journaliste Toulet, (p 237), François Porché (p 241). Puis il écrit avec plus ou moins de bonheur plusieurs "Confessions théâtrales" : Le Masque de fer, 1923, Le Secret du Sphinx, La Déserteuse, 1926 (p 250, L'Homme que j'ai tué (1922). C'est dans ces années, que, se promenant en Normandie, il croise le cortège des reliques de Sainte Thérèse de Lisieux que l'on transfère dans la nouvelle basilique, et qu'il "attrape" la foi (p 255)... et la fin du livre tourne peu à peu à la gnognotte néo-catho (p 301). Il y a la mort d'Edouard de Max, p 257, celle de Sarah, où il conduit le deuil, (p 259 à 264), Lyautey, p 266, la comtesse de la Bérardière, (p 268), la mort de Anna De Noailles (p 297). Il devient critique Théâtrale de 1928 à 1932 (p 278). Il vit un grand amour depuis 1931, mais n'en dit pas le nom, (p 291) et écrit une multitude de petites pièces de théâtre (voir plus haut) et le Procès d'Oscar Wilde, créé en 1935 (p 307), un succès. Dans ce qu'il est convenue d'appeler la grande famillle littéro-gay de ce début de siècle, notons que son cousin épouse la nièce de Proust, et que l'on va retrouver jusqu'à nos jours (avec par mariage même Régine Deforges !) le sang mêlé des Proust, Mauriac dont il parle p 322 et suivantes, Rostand, Bizet, et tant d'autres...). Colette apparaît très peu (p 313), que son frère est toujours là, qu'il a même écrit des poèmes sous le nom de Sokori chez stock (p 321) : Le Retour des pauvres. La fin est cul cul catho. (29 05 2003). Extraits : " Car j'aimais les poupées, à la grande indignation de beaucoup de membres de ma famille qui voyait là un symptôme d'enfantillage, au lieu d'y voir - ce qui est tout de même possible - un amour précoce de la beauté ! Et comment ne vous eussè-je (sic) pas aimé, poupées d'alors, tellement plus poétiques que nos poupées d'aujourd'hui, et que tant de grandes personnes continuaient d'aimer bien au delà de l'âge permis ! Comment ne pas me souvenir de vos robes froufroutantes, de vos chapeau à la mode, de ces grands yeux fixes que vous aviez, avec ces cils certifiés naturels par les catalogues et ces paupières qui se baissaient comme des paupières humaines, en emportant tout le ciel du regard ! Comment ne pas me souvenir de celle que je préférais, avec une robe de la couleur d'un cordon du Saint-esprit, celle qui disait papa-maman, avec une voix mécanique de sourde-muette, et avec qui je me suis tellement endormi le soir que je croyais l'aimer d'un amour humain. " (p 41). Pour moi qui quand j'étais enfant voulais devenir évêque pour porter une bague, ce passage où il parle de sa première communion : " D'avance, je me fis décrire la future cérémonie, la bague de l'évêque qu'il me faudrait baiser et qui serait une améthyste... Comme je rêvais à cette bague, à ce baiser violet !... D'avance, je l'imaginais, la pierre épiscopale, comme j'en avais tant vues, avec cette couleur qui convenait à la robe de l'évêque !... Le jour de la cérémonie arriva, avec ses cloches, son église de fête, mon battement de coeur ! ... L'évêque approchait, me tendant sa main à baiser. Quelle désillusion lorsque, au lieu de l'améthyste prévue, j'aperçus une bague verte ! On ne peut s'imaginer l'importance que peut prendre une déception pareille dans un coeur d'enfant. On eut beau m'expliquer ensuite que l'émeraude et l'aigue-marine étaient également des pierre autorisées, que certains évêques pouvaient même aller jusqu'à porter un diamant, j'avais une telle certitude que la pierre serait violette qu'il me semblait qu'il y avait là comme une tricherie du destin, comme un premier mensonge des choses ! Qu'attendre d'un monde où rien ne répond à votre espérance où les bagues violettes des évêques se permettent parfois d'être vertes ! " (p 89). Sur dieu, et sur ce retour de religion qui est souvent dans l'espèce humaine lié à un retour d'âge, il apporte cette explication : "(...) une minute, une courte minute, une minute inoubliable qui dure cependant quelques années, la jeunesse tient lieu de tout ! Une minute, la jeunesse tient lieu sur terre d'une mystique, d'une métaphysique, d'un idéal, elle est à elle seule tout le problème et tout le mystère. Mais, quand elle s'en va, c'est le vide complet : c'est plus tard, devant les tombeaux qui jalonnent la route que l'on aperçoit soudain la grandeurs des autels, que l'on redevient un enfant qui réclame le ciel, c'est lorsque beaucoup de voix se sont tues que nous nous mettons à les écouter, c'est au bord même de la mort que l'on se veut immortel ! " (p 153), comme en jolis termes ces choses là sont dîtes ! Paris : le jeune Parque, 1948, 341p. ( fiche en grande partie faite le 29 mai 2003).

Les Rostand par Marcel Migeo

 

Livres de l'auteur en vente sur ce site

Livres en vente dans la bouquinerie :

Explication de l'état : moyen est un état normal de livre d'occasion.

- ou + indique un moins bon ou un meilleur état.

voir aussi les nouveautés

revenir à la lettre R