<<Retour à l'accueil

Bouquinerie
 
>>> Essai de catalogue bibliographique
Jacques Ars

tel 0666304111

cliquez sur la première lettre de l'auteur recherché

A  B  C  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O  P  Q  R  S  T  U  V  W  X  Y  Z

- Maurice  Sachs -
 

Le Bouquiniste en militaire... ah jeunesse !

 

Ma dernière intervention sur cette page date du 1er janvier 2004

SACHS, Maurice (1906-1945). Un de mes auteurs chouchous, aussi.

Ecrits :

Alias. Toute sa vie romancée : un adolescent débarque chez un oncle qui est carrément tante. Des passages au séminaire toujours aussi chiants, puis une fin sur les hurluberlutions catholiques du très PD Max Jacob.

Paris : Gallimard NRF coll. blanche, 1935, 222p, 140x205. (Dédicace reproduite ici à Roger Valbelle).               

Au Temps du Bœuf sur le toit.   Un journal un peu en contradiction avec Le Sabbat, mais une prose superbe pour cette adolescence vécue entre 14 et 29, avec les débuts des salles de cinéma, des surprises-parties, etc., etc... et de l'homosexualité affichée.

◄Ed. la Nouvelle revue critique, 1939 (1er tirage, couverture illustrée par Jean Hugo).

                                                              Ré édition NRC, 1948, 241p.►                   

La Chasse à courre. Paris : Gallimard NRF coll. blanche, 1948, 248p, 118x185.

La Décade de l’illusion. Paris : Gallimard NRF coll. blanche, 1950, 256p, 118x185. Abracadabra. Paris : NRF-Gallimard, 1952, 232p, 118x185. Derrière cinq barreaux. Paris : Gallimard NRF coll. blanche, 1952, 224p, 118x185. Tableau des mœurs de ce temps. Paris : NRF, 1954, 352p, 140x205. Violette Leduc  y est Lodève. Histoire de John Cooper d’Albany. Paris : Gallimard NRF coll. blanche, 1955, 400p, 118x185.             

Chronique joyeuse et scandaleuse.   Ses petits souvenirs d’une jeunesse tumultueuse, retravaillés une nouvelle fois. Ses premières coucheries avec Abel Hermant, qui "faisait une grimace de stupidité qu’il pensait devoir "faire jeune", ébrouait sa moustache comme un dindon sa queue, gonflait ses joues et croyait sourire" (p.15). "Des années ont passé, je ne me suis reproché aucun plaisir, fût-il condamné par les lois ou par les hommes, mais je ne me suis jamais complètement absous de l’aventure avec Hermant (...) [mais] on ne m’avait jamais dit que je fusse beau. Et puis je croyais plaire par mon intelligence et il me semblait que l’attention que vous prête un "grand écrivain" est le signe que l’on est "très fort"" (p.19). Quelques histoires avec Chanel et Cocteau, le tout sous des pseudonymes comme celui-ci, (je ne suis pas qui c’est) : "On raconte qu’il obtint une préface de Jean Ladour, poète d’un certain renom, en venant seulement se présenter à lui. Ladour fut si charmé par sa bonne mine, qu’il lui promit une introduction, mais comme le jeune écrivain prenait l’escalier, le poète se pencha par-dessus la rampe en chuchotant "Et dîtes, Monsieur, n’est-ce pas que vous m’enculerez bien un peu?"" (p.41). Et si dans sa jeunesse, "il ne pouvait néanmoins se résoudre à s’avouer tout net qu’il était homosexuel, d’autant qu’il n’éprouvait aucune impossibilité à rendre ses devoirs à une femme" (p.72), son arrivée à New York le révèle à lui-même : "Je restais dans l’ombre, étourdi, bandé, le cœur gros en un instant et n’ayant jamais encore compris autant que dans cet éclair de plaisir combien j’aimais les garçons" (p.158). Pour finir, une aventure avec un black : "Dans les draps blancs la petite tête noire frisait sur son sommeil (...). Comment je vais m’en aller? Je ne peux pas prendre l’ascenseur. Tant pis, j’essaierai l’escalier de service, mais il ne faut pas qu’on me voie sortir de la chambre sinon on t’embêtera" (p.160). Référence de lecture : Livre de poche, 1973.

Le Sabbat. Superbe vie de l'adolescent Maurice Sachs qui eut 15 ans lors du Traité de Versailles. Tout adolescent moderne a pu avoir les mêmes interrogations. De très belles pages sur Cocteau, Jacob, Gide, Proust et son Albert, tenancier de bordel PD, Soutine, Picasso,... Une fin plus balzacienne, pour ceux qui aiment la bretonnitude d’un décors d’hôtel à Paris ! Paris, éditions Corrêa,1946, 443p. Paris : Gallimard NRF coll. blanche, 1960, 448p, 118x185. idem, coll l’Imaginaire Gallimard N° 42, 1979,  302p.

Ici la couverture de l'édition de poche de 1971.

 

La Chasse à courre. "On écrit pour prouver à ceux qu'on aime qu'on mérite d'être aimé, qu'on a le corps moche et l'intelligence adorable ". (p235). Ce sont des mémoires et des témoignages sur les dernières années de la vie de Maurice. Période noire, période de l'exode, du Bordeaux capitale d'un régime en fuite, puis du Paris occupé, avec ses trafics avec la zone libre, ses quasi-ventes de juifs, ses trafics de devises, où surnage à merveille un Sachs compromis dans tout et qui finit par fuir pour s'engager comme travailleur volontaire dans les chantiers navals d'Hambourg. Cette période a suffisamment été cachée pour  que ce texte soit des plus intéressants. Notons ce qui nous intéresse : la vie homosexuelle dans le Paris occupé : "Et de même que sous le Directoire, les invertis couraient le guilledou aux Champs Elysées, les bosquets du Champs de mars abritaient de furtives amours mâles. Ce dont la troupe d'occupation prenait sa part. "(p176) "Le bar du Sélect était à ce point voyant que l'entrée en était interdite à la troupe d'occupation, et le fait est qu'on s'y tenait fort mal le samedi vers 7 heures. Que de cris, de piaillements ! Quelle réunion de coquines de tout âge, poudrées, fardées, se donnant en spectacle, traitant le prix de leur nuit, espérant en d'impossibles liaisons. Le vieil avocat y côtoyait le rentier, le truqueur (garçon aimant les femmes, mais acceptant l'argent des hommes), et la tapette. "(p101). Et puis, émouvante histoire éternelle, son dernier amour fou pour un ...hétéro !  "Bob, je serais plus fier de pouvoir te dire : "ne couchons pas ensemble si ça t'ennuie, mais franchement j'en suis incapable. Te voir tous les jours et ne pas faire l'amour avec toi, ce serait posséder une statue admirable qu'on défendrait de caresser. Et puis, pourquoi sacrifierais-je un désir si vif et si naturel quand tu ne ferais aucun sacrifice pour moi ? " (p95). Dans ce monde plus que perturbé, il connaît souvent de sa faute des hauts et des bas, ruiné parfois, munificent toujours, "Les gros de mon espèce, toujours allants, joyeux, et supportant les soucis avec un masque serein, brûlent leur solitude dans un enfer de soucis ". (p106). Puisque cette bibliothèque est bretonne, notons ce qu'il dit de nos compatriotes dans les camps du STPO à Hambourg : "Les bretons reçoivent de chez eux des colis incroyables de leurs parents fermiers. Les autres en sont pantois. Et moi aussi."(p207). "Quant aux bretons, ils se plaçaient nettement dans une espèce inférieure (et l'on était déjà bien bas ). La discussion autour des choses de leur métier n'était même pas de leur fait. Ils pétaient, rotaient, crachaient, et plaisantaient, avec quelle lourdeur, sur les puces dont nous étions infestés. Physiquement d'une rare laideur, leur corps épais avait je ne sais quoi d'émasculé. L'impuissance de leur âme était entre eux par trop visible " (p211). Ben avec ça, nous sommes vernis ! NRF, 1949.

The Decade of illusion. Knopf. André Gide. Denoël. Maurice Thorez. Denoël. Daumier. Pierre Tisné. Le Voile de Véronique. Denoël 1959.

Lettres. Lettres d’Amérique, lettres à sa grand-mère, lettres de Hambourg / Préface Jean Alley. Paris : Le Bélier, 1968, 108p, 1595 ex tous numérotés.

Traductions : Céleste / Stephen Hudson. Le Sphinx et autres contes bizarres / Edgar Poë. La Princesse artificielle / Ronald Firbank. L’Etalon / Marguerite Steen. Bessie Cotter / Wallace Smith. Les Jeunes visiteurs / Daisy Ashford. Plon. L’Ecurie Watson / Terence Rattigan. L’Illustration.

Etudes :

Le Dernier sabbat de Maurice Sachs / par André Du Dognon et Philippe Monceau   C'est encore dans un drôle de milieu que nous envoie André Du Dognon (je vous recommande ses bouquins) : le milieu homosexuel de Hambourg pendant la guerre. La vie extraordinaire de ce juif homosexuel qui s'engage dans les brigades volontaires pour le travail dans l'Allemagne nazie. Mais n'oubliez pas, en le lisant, que vous avez à faire à de vrais salauds, vendeurs lâches de compatriotes et d'amants à la Gestapo. Ed. le Sagittaire, 1979. Edité d'abord chez Paris : Amiot Dumont, 1950, 219p.

 

 

 

 

 

Maurice Sachs / par Henry Raczymov.   Une très intéressante biographie de celui qui est peut-être le plus indigne et le plus représentatif du monde homosexuel de l’entre-deux-guerres. Ce bambocheur, voleur par amour du plaisir, "l’argent, il le brûle aussitôt gagné. L’argent chez lui, ne vise pas l’argent mais le plaisir ou la débauche, en tout cas, la dépense. Il n’a pas la moindre morale, pas même celle du capitalisme" (p.377). Ce fils d’une grande famille de joailliers juifs, dont le grand-père, fournisseur du Tsar, était ami d’Anatole France et fonda l’Humanité, "avait l’aspect quelque peu exalté d’un prophète antique sexuellement ambivalent... Il était venu comme une femme à barbe qui se serait rasée trois jours plus tôt pour s’échapper incognito d’un cirque" (p.225). Apparenté aussi au fils de Georges Bizet, sa fin reste toujours un mystère, l’auteur ici, penche pour une mort survenue pendant les derniers déplacements de prisonniers dans les camps d’Hambourg. Fusillé par ceux avec qui il avait collaboré, les nazis. Biographie indispensable pour comprendre son oeuvre, souvent autobiographique. Gallimard, 1988.

 

 

 

 

Livres de l'auteur en vente sur ce site

Livres en vente dans la bouquinerie :

Explication de l'état : moyen est un état normal de livre d'occasion.

- ou + indique un moins bon ou un meilleur état.

revenir à la lettre S