GALZY, Jeanne.
Une « auteuse », dont je suis tombé fervent. Ne loupez pas L’ Initiatrice
aux mains vides. Jury au Fémina en 1964.
La Femme chez les garçons.
Ce qui me semble aujourd’hui une suite à Jeunes filles en serre chaude,
puisque Jeanne
(mais est-ce
autobiographique?) vient d’être nommée professeur dans un lycée de garçons...
Exceptionnel pour cette époque et que ne justifie que le départ au front de 14
de la plupart des hommes. Les années 15, 16, 17 agréablement vues, une
réflexion moderne pour l’époque, et qui ne devrait pas déplaire à ceux et
celles qui enseignent aujourd’hui. Comme la demande de mixité (p.146) :
"...rêve de coéducation, vers lequel on s’acheminera peut-être, et que je
réalise un peu par ma présence au milieu de ces violents, pour lesquels je suis
tout au moins un phénomène inconnu : la femme". Comme sa vision sur la
masculinité (p.146) : "...je ne sais combien de vulgaires conseils les
poussent à n’être pas comme les filles et, dans ce pays si imbibé d’esprit
romain, la recommandation prend pour eux l’autorité d’un ordre de ne point
déchoir. Elle les incite à outrer tout leur fond de turbulence, de brutalité.
Les doux, les maladifs sont un objet de dérision et le surnom de
"fille" leur est donné comme un blâme dont ils se sentent accablés.
Pauvres "filles" aux têtes rases, aux cols marins bien propres, aux
yeux cernés! Ce sont eux pourtant qui seront plus tard ces êtres d’exception
qui apporteront dans la vie leur compréhension plus fine de participer des deux
natures"."Quant à ceux qui croient que ce sont les américains qui
nous ont apporté le chewing-gum en 44, qu’ils découvrent le
"san-san-gum", cette sorte de pâte qui se mastique pendant des quarts
d’heure, puis se recrache, s’introduit dans les poches au milieu des plumes
cassées, des billes, du mouchoir sale, des bouts de crayon et du canif, pour se
reprendre quelques minutes après et se remastiquer avec onction" (p.107).
Référence de lecture : F. Rieder et cie, 1924.
La Grand rue. Entre le polar et le roman d’amour,
dans un style néo-réaliste sans intérêt. Dans la grande rue de Montpellier,
vers 1860, une petite fille assiste aux drames des amours incestueuses d’une
comtesse et des désirs inassouvis des petites commerçantes du coin.
Référence
de lecture : Rieder et cie, 1925.
Le
Retour dans la vie. La Jeanne Galzy, me
voici (Oct 99) donc beaucoup plus renseigné sur elle après avoir trouvé le N°18
de Masques qui lui est consacré (été 83). Hélène de Montferrand vient aussi de
faire rééditer son dernier roman, la Surprise de vivre. Elle fréquenta
les salons de l'Amazone, fut institutrice et s'est beaucoup racontée dans sa
vie. Les Allongés est son histoire de malade à Berck. Remise de sa
longue maladie osseuse qui l'y avait envoyée, elle fait ici un retour "à
la vie". "Il y a devant la gare, à traverser une place boueuse. C'est
là que j'ai connu le dégoût, -ignoré de ceux qui n'ont jamais cessé de marcher
- d'adhérer de nouveau à la terre, de poser de nouveau mes pieds, que
l'immobilité à rendus si purs, dans cette saleté gluante dont il me semble à
travers de simples semelles subir nettement le contact."(p12). Sans
pouvoir quitter son corset, elle reprend ses cours, puis rechute. Souffrance
des femmes handicapées, souffrance des amours que la religion cache aux amants,
souffrance de devoir "paraître", elle s'en échappe par son amour de
l'enseignement et sa riche vie intérieure. "Du fond de ma loge, où j'ai
caché dans l'ombre ma force épaissie et ma robe trop montante, je regarde la
salle d'Opéra où Lucienne m'a amenée. Des femmes comme des idoles, dans leurs
étincellements de pierreries, ont des chairs irréelles à force de blancheur.
Des éblouissements de soies vives. Des brochés d'argent et d'or. Tout un luxe
de voué au rajeunissement du désir. De belles épaules et de ces visages qui
semblent sans pensées, vides de sentiments, faits seulement avec des couleurs
et des ombres, d'une matière suave et douce comme l'est la pulpe des fleurs. Le
spectacle est pour moi bien plus là que sur la scène et je regarde, avec une
attention passionnée, ces femmes qui portent dans la vie tout ce dont je suis
dépossédée. Quel pouvoir a sur moi la beauté, et même l'élégance ! Je contemple
de mes yeux que l'oubli enchante de surprise. Je choisis enfantinement celle à
qui je voudrais pouvoir ressembler. Je renonce à me plaindre ou à m'attendrir
sur moi-même. J'imagine, comme dans les contes de fées, des destins adorables à
ces inconnues ; et, à Lucienne qui m'interroge sur la musique entendue, je ne
puis que répondre : - Comme toutes les femmes sont belles ! " (p113-114).
Référence de lecture : F. Reider et cie, 1926.
L'Initiatrice
aux mains vides. Si l'histoire est assez
classique - une professeur tombe amoureuse d'une de ses élèves de cinquième, le
tout sur fond de plaine picarde et d'Amiens - l'écriture et le cadre sont très
modernes voire parfois pédophilement incorrects, même si tout reste très
chaste. "Elle évitait certaines pensées comme si les jeunes yeux pouvaient
les deviner. La grande vénération d'Annette lui devient une règle constante.
Elle soumettait même le plus secret, le plus instinctif de sa vie aux exigences
possibles de cette ignorante pureté... Les tentations des solitaires s'étaient
enfuies avec les regrets et les souvenirs même" (p.91). "Regards qui
touchent mieux que les bras qui bercent. Félicité abstraite, que les exaucés
négligent, mais où les êtres contraints à respecter des interdictions puisent
un si violent bonheur" (p.128). La mère de l'enfant finit par mettre le
holà à tout ça. A lire pour la mémoire lesbienne.
Ed. Rieder,
1929 ("Dédicacé à Mme Conti, avec toute ma bonne affection")
Les
Allongés. "Comme c'est long un jour
sans souffrir" (p. 95) dans la Maison des sables de Berck, maison de
convalescence pour paralysés, septicémiques et autres porteurs de goitre
tuberculeux. "D'autres, plus malheureux, vont la tête renversée dans la
minerve, et, ne pouvant voir le sol, le tètent en avant, comme les aveugles, au
bout d'un bâton. Les coxalgiques presque guéris se balancent entre leurs
béquilles. Les scolioses relèvent tragiquement une épaule, avec un bras qui
pend en angle droit, comme s'il était maladroitement greffé" (p.94).
L'auteur observe, console, patiente. "Elle est trop jeune pour n'être pas
excentrique... Sa robe est blanche, resserrée dans une ceinture d'un jaune
éclatant, et, comme elle a quitté son chapeau, on voit ses noirs cheveux ondés et
tout son visage mât, un peu noirci aux yeux, un peu rougi aux lèvres, son
visage fin et joli, plus joli d'être sans pensée et à la fois fardé et
pur" (p.66). Référence de lecture : Le Livre moderne illustré-Ferenczi, 1933. Paris, NRF coll. blanche, 1975, 208p, 140x205.
Jeunes filles
en serre chaude.
"Pourtant ses beaux bras étaient lisses comme ceux des statues et ses
aisselles rasées offraient, quand elle levait les bras, un creux à peine plus
sombre de peau comme ces roses dont le cœur garde une pigmentation plus
colorée" (p.211). "Il n’y a pas à dire : la promo est croupue"
(p.100). Malgré le titre très chaud, la description de ce milieu d’élèves à
l’Ecole Normale Supérieure de Sèvres avant 1914 est un peu lassante... C’est
très féminin, tsoin, tsoin... Paris, NRF coll. blanche, 1934, 288p, 118x185.
Le
Village rêve. Paris, NRF coll. blanche,
1935, 222p, 118x185. Catherine de Médicis. Paris, NRF coll. Leurs
figures, 1936, 350p + 6p hors texte, couv ill, 6 ill, 140x205. Margot, reine
sans royaume. Paris, NRF coll. Leurs Figures, 1939, 356p sous couv ill, 140x205. Les
Oiseaux des îles. Paris, NRF coll. blanche, 1941, 256p, 118x185. Pays
perdu. Paris, NRF coll. blanche, 1943, 244p, 118x185. La cage de fer.
Paris, NRF coll. blanche, 1946, 236p, 118x185.La Femme étrangère. Une
production d'après guerre (la 2nde) et qui en parle, assez ennuyante. Trois
histoires de femmes dans la tourmente des années 4O à 50. Une villageoise dont
l'amoureux parti au STPO revient marié à une allemande. Une jolie fille qui
s'infiltre dans un maquis de la résistance et joue son rôle d'espionne à
merveille. Un capitaine de la résistance qui semble changer de sexe au cours du
récit (ou alors j'ai lu trop vite ) et qui s'éprend de son hôtesse, éleveuse de
chevaux en Camargue. Bof, bof, bof. Paris : NRF coll blanche, 1950, 256p,118x185. L’Image.
Paris, NRF coll. blanche, 1952, 256p, 118x185. La Jeunesse déchirée.
Paris, NRF coll. blanche, 1952, 464p, 140x205. Le Parfum de l’œillet.
Paris, NRF coll. blanche, 1956, 320p, 118x185. Celle qui vint d’ailleurs.
Paris, NRF coll. blanche, 1958, 224px185. La Fille. Paris, NRF coll.
blanche, 1961, 292p, 118x185. Agrippa d’Aubigné. Paris, NRF coll. Leurs
Figures, 1961, 292p, 118x185. La Surprise de vivre. Paris, NRF coll.
blanche, 1969, 464p, 140x205. Les Sources vives ; la surprise de vivre
II. Paris, NRF coll. blanche, 1971, 472p, 140x205. La Cavalière ;
la surpride de vivre III. Paris, NRF coll. blanche, 1974, 360p, 140x205. Le
Rossignol aveugle ; la surprise de vivre IV. Paris, NRF coll. blanche,
1976, 392p, 140x205. George Sand. Julliard,
1950. Les Démons de la solitude. Reider, 1936.
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