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ARS, Jacques
Je serai Femme du Monde chez les Gauchistes

L'Ostéomathéopathe

Commentaire :  Il s'agit d'une lettre, en deux ostéo, d'un parisien qui était très amoureux de moi, et moi réciproquement aussi sans doute. mais il faut dire que j'étais tellement barré... Il me semble l'avoir souvent vu à la télé, dans Palace en particulier, mais je sais pas si mes souvenirs ne se sont pas mélangés...

On reconnaîtra le bar Le Verlaine, rue de Quineleu.

Le texte : DIMANCHE SOIR

Il s'appelle Camélia. C'est un nom de fleur. La fleur est blanche, comme un deuil d'enfant ou rouge comme la passion. La passion, c'est un nom de fruit. Un fruit, ça se mange, ça se déguste, ça se boit. Comme la passion, comme l'amour, comme le corps d'un amant. Camélia ne sait de l'amour que ce qu'on a bien voulu lui en dire. Camélia ne sait rien. Il invente. Il invente l'amour, la joie, le rire. Il se trompe parfois, mais il s'en fout, Camélia, il vit son rêve, sans histoires, sans drames, sans cris. Et pourtant, quelquefois, ça crie très fort dans la tête de Camélia. Ses cris sont rouges. Ce sont des cris de sang. Il y a aussi des plaintes sourdes dans la tête et dans le cœur de Camélia. Alors, il pleure, doucement, sans bruits, sans histoires, sans drames. Il pleure comme il vit, Camélia. Camélia mourra un jour. Oui, bien sûr, comme tout le monde, mais il s'aidera, peut-être, à mourir, (page2) quand vraiment ce sera trop dur de se traîner, de ramper, de se tordre. Quand ce sera trop dur de vivre, en quelque sorte. Et puis, un jour, arrive dans le ciel de Camélia, un ange. Un ange comme dans les rêves fous (pourquoi fous 7) de Camélia. Un ange noir. Mais le noir est lumière pour Camélia. Ce n'est pas là la moindre de ses contradictions. Camélia, j'ai oublié de vous le dire, se fout des contradictions. Il tâche de vivre. Parce qu'il faut bien, parce que sa mère ne supporterait pas, et puis, parce qu'on ne sait jamais...

Camélia connaît le bonheur. Il a nom Frédérique, Romain, Anne, Caresse. Et Camélia ne sait d'ailleurs s'il y a deux «r» à caresse. Carresse ? Caresse ? Mais il sait écrire «Merde» quand il en a marre de se poser des colles en orthographe!!!

Donc un jour, dans le ciel de Camélia, un ange noir, couleur de lumière, couleur de joie, couleur d'espoir. Araignée du soir: c'est un soir, en effet, que Camélia a rencontré (page 3) l'Ange. Un soir, derrière la gare. Un de ces soirs où on a peur. Peur de soi, des autres, de soi, des autres, un soir tourbillon. Dans la tête de Camélia, ce soir-là, il y a des vapeurs de bières, des regrets (regrets de ne pas s'être laissé embarquer par un autre ange qui vient précisément d'entrer à ce bar «derrière la gare» et qu'il a stupidement négligé au tapin «devant la gare» et qui maintenant est là, tout près, indifférent, vexé peut-être et qui parle avec ce qui sert de patron à «derrière la gare»). II Y a là une sorte de bête énorme, genre 2èREP, complètement affolée, ce qui est bien dommage quand on a un genre 2èREP.

Et puis surtout, il y a ... rien. Rien, c'est l'ange. «T'as pas trop chaud avec ton gros pull ?» -«On ne peut pas s'habiller à la fois pour dedans et pour dehors».

Il est arrivé souvent à Camélia de dire des conneries, mais des comme ça, c'est rare. (page 4)

 

Comme

 

 

l'ange est allergique aux conneries, il tourne le dos. Pas longtemps. Camélia sait être stupide. Il ne se rend compte

de rien. Oh bien sûr! Il Y a un sourire charmant, des yeux rieurs, une voie douce, et puis après?

Après?

Après... Il y a un thé dégueulasse, un taxi avec une dame, on jette la dame place de l'hôtel de ville, et après il y a les bras de l'ange, sa douceur, sa tendresse, son piège... Dans lequel Camélia tombe à pieds joints. Camélia est bien. Bien au chaud, au doux, au sucré. Camélia va pleurer. Ça fait peut être plaisir à l'ange que Camélia pleure... Allez savoir ce qui peut bien se passer dans la tête d'un ange. Et d'ailleurs, les anges ont-ils une tête? Ils ont un visage, ça oui, mais une tête?

Les anges n'ont pas de tête. Ils ont un regard et un sourire. C'est du reste, à ça qu'on les reconnaît. Comment voulez vous reconnaître un ange sans ça ? C'est bien ce qui est terrible avec les anges, on ne les voit pas venir, on ne sait pas qu'ils sont là et qu'ils vous ont choisi. Ça ne fait pas de bruit, un ange. Ça regarde et ça sourit. C'est tout. C'est énorme. Et ça fait du dégât !!!!

Ça vous fane un Camélia en moins de deux! Mais le Camélia ne se rend pas compte tout de suite qu'il se fane. C'est là toute la force des anges. C'est là toute la douceur des anges.

Et ils s'y connaissent en douceur.

C'est là toute la force des anges ... (page 5)

Les anges ont une peau. Leur peau est douce. C'est normal puisque ce sont des anges. Ils sont purs. Enfin, ils ont une forme de pureté bien à eux. C'est ça ! Les anges ont un regard, un sourire et une pureté. En plus, ils sont irrésistibles. Au sens propre. On ne peut pas leur résister. D'ailleurs on n'y pense pas. C'est ce qui est bien avec les anges. On ne se pose pas de questions. On est bien. C'est tout. Et puis, vous pensez! Quand on n'a pas une habitude énorme du bonheur, on essaie de le vivre. Les anges sont parfaits. Il faut que ça se sache! Ils font parfois comme s'ils étaient heureux eux-même du bonheur qu'ils donnent. (Ça c'est typiquement le problème de Camélia.

Il n'arrive pas à imaginer que lui aussi peut donner du bonheur. En cela, il est on ne peut plus logique avec lui-même puisqu'il n'est pas un ange. Camélia pense que s'il était un ange, il en serait le premier informé. Tout ça est donc très cohérent !).

Camélia n'aime pas la lumière. Il n'aime pas la lumière quand il est nu dans le lit d'un ange. Il n'aime pas la lumière

quand il est nu. Un point c'est tout. Les anges n'ont rien à voir là dedans. Qu'on se le dise!

L'ange peut parfois être gouin. Ce qui pour le Camélia est un drame. Même s'il prétend le contraire. Le Camélia est, en effet, gouin sans le savoir. Comme Mr Jourdain...

Une fois que le Camélia sait qu'il est gouin, il croit son problème résolu. D'autant plus qu'il apprend d'un ange gouin lui-même, et militant en tant que tel. Erreur fatale. Le problème du Camélia n'est pas du tout résolu!

( page6) Il est aggravé. Logique implacable!

Camélia rêve de rencontrer un gouin, (même s'il ne sait pas que cela s'appelle comme cela), le gouin tombe dans son ciel, moralité: c'est sublime quand on est là, ensemble à vivre de tendresse et de chaud, mais après, quand c'est

fini, qu'est-ce qu'on dérouille! Le Camélia dérouille. Ce qui, pour un Camélia, est très douloureux. D'autant

plus que l'ange gouin lui a promis de se manifester encore. On peut le croire, puisque c'est un ange. Et gouin par-

dessus le marché!

S'il ne se manifeste pas, c'est  que ça n'est pas un ange. Ni un gouin. Ce n'est alors qu'un pauvre mortel.

Camélia aime aussi les mortels.

la suite  sur l'autre ostéo.

 

Dernière page, petite fantaisie d'après Proust.

 

D'APRES MARCELINE  (Du côté de chez Swann)

 

 

 

 

 

«Je savais dans quelle gouinitude je me trouvais affectivement,

 

 

 

 

je l'avais reconstruite autour de moi dans la Folle lesbiennitude et, - soit en m'orientant par

 

 

 

 

 

la seule tendresse soit en m'aidant, comme indication, d'une folle paillette aperçue, à la leur de laquelle je plaçais

 

les triangles exquis - je l'avais fantasmée toute entière et guignée comme un gouin celte et une grande dâme qui gardent leur ouverture primitive aux tapins et aux squares, j'avais repensé ma testostéronne et remis la virilité à sa place hétérotte. Mais à peine le bal -et non plus le dernier désir sur une tringle à jupon que j'avais pris pour lui- traçait-il dans la soirée, et comme au Kool, sa première raie brillante et travestie, que les folles aux triangles exquis quittaient le cadre du désir où je les avais situées par erreur, tandis que, pour lui faire place, le Salon Gouin que

ma mémoire avait maladroitement oublié là se répandait tout strass poussant les vieilles tantes et écartant le parterre mitoyen d'hétéros ; une tapette régnait à l'endroit où, il y a un instant encore, s'étendait

le cabinet de toilette, et la sauterie que j'avais sillonnée dans les scintillements du réveil était allée rejoindre les partouses entrevécues dans le tourbillon du réveil, mise en fuite par ce pâle signe qu'avait tracé

au dessus des dentelles le doigts levé de la semaine folle ....

 

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